Aux douze coups de minuit

AUX DOUZE COUPS DE MINUIT.


Paris, 2011.

On se balade sur les quaies au milieu des touristes, on va boire un coup à Montmartre après avoir pris le téléphérique grace à son pass Navigo, on flane dans les friperies du Marais, on s'fait une toile sur les champs élysées après un tour au H&M. Le reste du temps, on bosse. On étudie. Métro, boulot, dodo. La ville est en constant mouvement, ça parle chinois, italien, anglais. Verlan aussi, et pas qu'un peu. On kiffe à donf et moi j'ai trop le sum.

Mais aux douze coups de minuit...

Paris, 1920.
On se balade que les quaies au milieu des couples, on va boire un verre à Montmartre après avoir bavardé avec quelques peintres dans les ruelles, écouté quelques chanteurs sur les marches. On s'arrête au marais dans les petites boutiques aux pointes de la mode et de l'élégance puis on assiste à une soirée dansante sur les champs élysées. Si on a de la chance, on va admirer Joséphine Baker. Le reste du temps, on peint, on compose. On danse. Métro, bistro, dodo. La ville est en constant mouvement, Hemingway parle anglais, Dali espagnol, les filles du Moulin Rouge n'ont pas leur langue dans leur poche. On refait le monde avec philosophie et/ou frivolité.


Il semblerait que ça ait toujours marché comme ça. Quelques anciennes familles détenaient les clefs du temps. Le passeport du passage. La recette magique. Le secret du portoloin. Appellez ça comme bon vous semble. La possibilité, à telle heure, à tel endroit, de faire un bon dans les années 20. Pourquoi celles-ci, et uniquement ? Je n'en ai pas la moindre idée, et qui vous dit que d'autres ne vont pas fumer des joints en mai 68 tous les soirs ? La seule chose que je sais, c'est que certains voyagent, sans jamais pourtant quitter Paris. La Seine. Notre Dame. Les mêmes endroits, mais tellement différents.

La connaissance. L'inspiration. Le savoir. Ne jamais refaire les mêmes erreurs, s'inspirer de nos ancêtres, cotoyer les intellectuels... une occasion en or accordée à quelques rares personnes. Les clefs du temps, transmises de génération en génération. Un secret bien gardé... jusqu'à ce qu'il ne le soit plus.
Est-ce l'amour qui a tout gâché ? Est-ce l'attrait de l'argent, du pouvoir, du succès ? Qui le premier en a amené un autre ? Qui n'a pas su tenir sa langue ? Je n'en sais rien, mais pour sûr, le secret n'a pas été gardé. De neuf voyageurs, ils sont passés à vingt, à trente, à quarante... L'un a amené sa femme, l'autre ses potes, le troisième a fait payer le voyage à de riches milliardaires, et ainsi de suite. Les clefs du temps, pardis ! Suffit d'savoir où se pointer, et à quelle heure.
Le pouvoir, l'argent, l'aventure. Ne pas s'enfermer dans la routine, vivre chaque jour de nouvelles expériences. Une occasion en or, mais tellement mal protégée que tout est sur le point du basculer. Dans les années 20 se raconte déjà une nouvelle légende : certains arriveraient du futur... On dit même que les nouvelles ne sont pas bonnes.

Ces abrutis. Ils ne savent pas qu'ils compromettent l'avenir de notre ville, l'avenir de notre Terre. Raconter à Picasso qu'il deviendra un maître incontournable n'a pour seule conséquence que de le rendre égocentrique, plus confiant, plus prétentieux. Et si cela affectait son talent ? Raconter aux passants que le krach boursier arrive est une erreur monumentale ! Existeriez-vous si un jeune homme n'avait pas consolé ses pertes pécunières dans les bras d'une jolie blonde ?

Chaque petite chose dévoilée, chaque partie du passé où un habitant du futur met le doigt, est en danger. Mais la machine semble lancée...

Le présent et le passé peuvent-ils changer en même temps ?
Aux douze coups de minuit...